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W – comme WAOUH !!!  

WilliaM  BOUGUEREAU – La Vague – 1896 – huile sur toile 121 ×  160,5

Voici une vague silex,

qui s’émousse au fur et à mesure que le rose monte aux joues de cette Vénus roulant dans l’eau.

 

On sent que le peintre a voulu faire battre son cœur,

il prend le pouls,

il cherche le tempo juste entre le flux et le reflux de cette vague qui participe au desserrement et décroisement de ses jambes.

 

Il se fait mouvement pour jouer avec elle.

Il cherche très exactement le jeu du verrou qu’il peut faire bouger… il badine… c’est un jeu amoureux.

 

Il ne cherche pas la soumission,

la vague n’est pas couteau tranchant,

elle ne la submerge pas non plus, ne l’engloutit pas, ne la dépasse que d’une tête d’écume,

ce n’est pas un rouleau.

La partie inférieure du tableau en témoigne aussi.

Il ne se fait pas l’habile chasseur,

ni l’habile pêcheur, ne la prend pas dans son filet.

Elle n’est pas otage, le filet mousseux est une résille très ajourée !!

 

Du jeu dépend cette capacité à rouler avec elle dans le « tube Â» de la vague,

elle a la chair du galet,

elle le regarde, elle est nature d’abandon, elle n’a pas peur...

 

D’un dernier geste pictural, il lui dessine un socle.

Elle lui tend la main et est prête à glisser…

Autant de signes qui augurent d’un lâcher prise pour déverrouiller W.

 

Vous voudriez savoir quel est ce W?

W est très exactement le croisement de tous ces M

Ecrits en lettre majuscule dans ce corps de femme.

 

Trouvez-les, il y en a au moins trois.

Ce corps de lettres roule et twiste dans ce mouvement perpétuel de la vague.

W comme Waouhh !! Pop « tube neptunien Â»â€¦

dans le futur peut-être, car pour l’instant rien ne se dévoile du buisson que cette femme garde encore secret.

 

W et M. *Début et fin du prénom de l’artiste : WilliaM.

Lettres à l’envers l’une de l’autre dans un jeu érotique.

Envers d’une question sur le M amour chez la femme, question supposée de la jouissance féminine vue par un peintre du 19ème siècle?

 

William Bouguereau retourné,

pris lui-même en étau par les contradictions de son époque? tourmenté?oscille t-il dans son processus créatif?

 

Bouguereau est un peintre académique, ovationné de son vivant. 

Le XX Ã¨me siècle l'a disqualifié.

Lumière et ombre...  Bouguereau tombe dans les oubliettes

 

 

 

 

l

Il a peint presque 20 années en arrière, sur un thème similaire en 1879, la « naissance de vénus Â» (Paris, musée D’Orsay)

Tableau académique pour une vénus mythologique  et le voici avec ce tableau jubilatoire, interrogatif, cocasse, peint à l’âge mûr, presque étrange (la fille est au sec malgré l'écume frémissante, tourne le dos au danger imminent de la vague, et...  de marbre...  avance d'une révolution sur le calendrier  Pin-up.. etc...).

Dans l'intervalle de ces 20 années : la consécration artistique, le décès de sa femme (1877), un remariage avec son élève, et l'envie de forcer l'entrebâillement d'une porte : l'admission faite aux femmes dans les écoles artistiques.

La naissance de Vénus – 1879

                                                 La Vague – 1896

En réalité, entre ces deux peintures : La naissance de Vénus – 1879  et  La Vague – 1896,  d’autres vagues déferlantes  ont peut-être eu raison de lui.

 

 - La révolution apportée par une vague nouvelle,

érotique aussi quelques fois et qui révolutionnera le 19ème siècle 

révélée par l’art japonais découvert par la génération impressionniste.

Véritable révolution du regard que connut l'Europe entre les années 1860 et le début du 20ème siècle, esthétisme des lignes courbes, des arabesques qui donna au début des années 1890, l'Art nouveau et évoluera vers l'Art déco dans les années 1910 - 1940.

 

- Freud, qui à quelques encablures tend la main, en 1895** Ã  d’autres jeunes filles

(au travers de certaines questions qui traversent  peut-être Bouguereau, en 1896 sur le désir féminin?)

 

Alors Wouih ou Non, Bouguereau dans les dernières années de sa vie ( il a peint ce tableau 9 ans avant sa mort à 71 ans) scelle-t-il ici son académisme? s'encanaille-t-il? ou entrouve t-il la porte... déverouille-t-il certaines questions sur le désir féminin?

Vous vous ferez votre opinion.

Ce texte- bougie!! (restons modeste) cherche un autre éclairage...

 

 

 

Si vous regardez à nouveau fixement le tableau. Il se dégage une impression cinématographique.

Celle d’assister à un mouvement comme une renaissance -- celle d’un homme, d’un peintre

par la naissance de cette Venus?

Sous la plage… le pavé-marbre froid-comme un sépulcre n’aura pas eu raison de lui !!

 

 

 

Anne GALZI

 Tout droit réservé

 

 

 

* Marc Molk - "Plein la vue" - 2014

** S. Freud et J. Breuer  - "Etudes sur l'hystérie" - 1895

 

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