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Parce qu il est Flamand

Parce qu elle est délicate

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Parce qu’il est l’œil

Parce qu’elle est le geste

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Parce que même si elle se détourne il garde un œil sur elle

Parce que c’est en se détournant qu’elle devient son centre

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Parce qu’elle a son propre monde invisible et intérieur

Parce qu’on ne voit pas les fils

Parce que ce n’est ni Pénélope ni une marionnette

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Parce qu’il est du Delta                   (port de Delft)

Parce qu’elle est de la Sphère               (intime)

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Parce que l'Orient contemplatif et méditatif n’est plus très loin

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Parce qu’il est d’un port marchand qui rayonne de mille feux dans le monde entier

Parce que Import / Export

Parce que va et vient 

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Parce qu’Il fait la navette les cent pas et se demande comment l’aborder

Parce qu’elle coud

Parce qu’elle n’a pas l’air farouche mais qu’elle a son propre jeu d’aiguilles avec ses propres règles

 

Il la regarde

à son ouvrage, à son rivage- terre d’alluvions, fille du bord de mer

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Tous les Deltas de sable rêvent d'une terre d'alluvions 

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Parce que l’anagramme de Vermeer c'est Rêvemer

Parce que Paul Claudel écrit qu’elle a les yeux bleus

Parce que Marcel Proust fétichise sur le petit pan de mur jaune dans un autre de ces tableaux

 

Parce qu’il est en suspension devant elle avec son pinceau

Parce qu’elle est en suspension devant lui à savoir quels fils elle va tirer avec son aiguille ?

Parce que le tableau les révèle elle et lui dans ce moment de suspension

 

Parce que ce jour-là au Louvre dans la salle aux pas perdus,

après avoir monté cinq escaliers, traversé dix couloirs, au bout du long corridor, toute seule devant ce minuscule tableau,

je me suis demandée si à force de rêver, elle ne s’était pas faite oublier,

tandis qu’à l’étage au-dessous mille feux crépitaient pour un sourire 

 

Parce qu’on espère des rivages et du merveilleux.

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Anne GALZI
Tous droits réservés

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